Point d'entrée
Entrechats
zakath-nath : Mafalda castor : Sale gosse
ultraball : 2169-01 à 2169-03 : le résumé
parmakoma : Conférence à L'Artistique, vendredi 13 décembre 2024 à 15 h
hlepage1 : Jardiner avec la Lune en 2025
campanita : Legend of Zelda : Echoes of Wisdom
bangg : Not all men
art-orange-2012 : Val me manque
tgtg : Suite de Puzzlavie (2)
\\ Pervers polymorphe.
Le sous-titre : Quand je serais grand je serais schizophrène
Pour le coït impromptu :
(ma dernière contribution, probablement)
Le thème : Parasites
(ma dernière contribution, probablement)
Le thème : Parasites
Il avait ce que certains appellaient un don, d'autres, une tare. On n'avait jamais connu tel que lui. Il me sera difficile de vous décrire ce personnage (mais votre serviteur va tenter de s'acquitter de cette tâche), son tableau clinique dépassant largement celui de la simple schizophrénie. De par la nature même de ce qui lui valu cette étrange distinction, il conviendra d'abord de vous rapporter les différents avis et observations que je pu accumuler au cours de mon enquête. Parmi ses amis, je notais à plus d'une occurrence le terme à son propos d'illumination. Les plus habitués de ses proches exprimaient le désir qu'on n'en fasse pas une affaire d'Etat, les plus jeunes le décrivaient comme quelqu'un d'exhubérant et de sympathique, les plus philosophes comme une personne équilibrée et tout à fait intéressante. Une personne que j'interviewais et qui je le crois était simple d'esprit alla jusqu'à évoquer l'éventualité qu'il aie "compris beaucoup de la vie".
Mais il était aussi, et dans une proportion tellement importante que le mot également me semblait assez déplacé, détesté. Ses détracteurs dénonçaient chez lui une supercherie d'acteur vaniteux aux abois, un gigantesque cabotinage servant à provoquer un effet de singularité, et ainsi ravir l'attention de son auditoire vers lui en toutes occasions. Aux rythmes de ses rencontres, il en avait froissé plus d'un par l'absence d'orthodoxie de ses manières. Nombre d'entre eux estimaient avoir étés bafoués, à tort ou à raison, par l'obstination profonde de son supposé double-jeu et y voyaient l'oeuvre d'un mystificateur arrogant et absolument hautain.
J'eu quelques opportunités d'étudier et de me lier, autant que faire se peut, au personnage. La vérité, où du moins la conviction profonde acquise par votre serviteur, c'est qu'à l'age de ses vingt et uns ans, âge où apparurent les premiers symptômes, on ne saurait dire s'il se triturait depuis long feu la tête de questions existencielles, ou s'il y est tombé par le pur hasard d'une rencontre ou d'un vagabondage de l'esprit. Qu'il s'est peut-être forcé au début à pratiquer cet exercice tout à fait étonnant, puis qu'il s'est pris au jeu, et que c'est ensuite devenu une seconde nature. Avec l'habitude, et porté par les frissons qu'il a dû ressentir au moment de ce changement, un réflexe conditionné et inconscient se serait installé dans les fondements de son âme, sculptant sa pensée autour des piliers du dogme qui allait devenir le sien.
Mon ami Co Yo T E répète souvent que vivre, c'est se réduire. Lui n'avait pas eu à choisir. Il vivait tout. Au début des années 80 dans le Paris de Belleville, on a beaucoup parlé de cet être étrange qu'on a appellé le jeune homme aux milles émotions. Ce nom lui fut donné car, en toutes occasions, sans aucun répit, toutes les émotions existantes et qui furent un jour nommées, et dont votre serviteur ne tentera même pas d'énumérer une liste représentative, se succédaient sur son visage tel un maëlström, sans que jamais aucune logique ne permette à son interlocuteur de les prévoir. Quand il arrivait dans une de ces soirées qui firent sa réputation, il débarquait familier pour le père, prosaïque pour la petite fille, attentionné envers ses ennemis et dans la minute détaché envers ses hôtes, puis s'arrêtant de nostalgie devant des inconnus, il explosait d'exaltation devant ses ex petites-amies. Chacune de ses phrases, chacune de ses attitudes renouvellaient sans cesse l'étonnement de son public par leur absence apparente de cohérence émotionelle. Tour à tour tendre, indifférent, défensif, enjoué, contrit, paniqué, blasé, extasié, stoïque, variant du premier jusqu'au dernier degré de la sensibilité humaine, riant à gorge déployée devant une chûte puis pleurant devant une frange.
Par conséquence de cette versatilité, on ne pouvait lui préter aucun autre trait de caractère persistant ou plus développé que les autres. Ils s'alternaient tous dans un équilibre que les témoignages recoupés instruiraient assez parfaitement; si vous connaissiez une personne vous affirmant que c'était un beau-parleur excentrique, alors quelqu'un existait sur terre pour assurer qu'il s'illustrait au contraire par sa délicatesse et sa sensibilité. La plupart des gens qui le connaissaient s'accordaient à dire qu'on savait peu de sa véritable personnalité. Ils ne pouvaient véritablement le décrire, à part qu'il avait l'air sincère; et vivant. Il était pour le monde entier comme une coquille insondable au mieux, vide en fait. Peut-être était-il l'esclave de ses émotions. Peut-être était-ce simplement un esprit libre. Ceux qui le détestaient, à mon avis, détestaient probablement la difficulté qu'il leur faisait à le cataloguer comme ils avaient pour loisir de le pratiquer à tout bout de champ, et détestaient peut-être un peu l'image qu'il renvoyait d'eux-mêmes, du conditionnement et des imperfections de leurs jugements. Ils peinaient à trouver des mots sur lesquels appuyer les raisons de leurs ressentiments. Qu'il soit comme çi, ou comme ça, mais sans contradiction. Qu'on s'attache à lui ou qu'on le conspue, sur un point commun ou sur une différence, mais sans contradiction. Qu'il existe comme les autres, avec les implications qui vont de suite. Que ses réactions soient prévisibles, qu'elles soient compréhensibles, qu'il soit déterministe enfin. Qu'on puisse dire de lui, qu'il avait des défauts qui lui feraient répéter les mêmes erreurs jusqu'à la fin de sa vie.
Mais il était aussi, et dans une proportion tellement importante que le mot également me semblait assez déplacé, détesté. Ses détracteurs dénonçaient chez lui une supercherie d'acteur vaniteux aux abois, un gigantesque cabotinage servant à provoquer un effet de singularité, et ainsi ravir l'attention de son auditoire vers lui en toutes occasions. Aux rythmes de ses rencontres, il en avait froissé plus d'un par l'absence d'orthodoxie de ses manières. Nombre d'entre eux estimaient avoir étés bafoués, à tort ou à raison, par l'obstination profonde de son supposé double-jeu et y voyaient l'oeuvre d'un mystificateur arrogant et absolument hautain.
J'eu quelques opportunités d'étudier et de me lier, autant que faire se peut, au personnage. La vérité, où du moins la conviction profonde acquise par votre serviteur, c'est qu'à l'age de ses vingt et uns ans, âge où apparurent les premiers symptômes, on ne saurait dire s'il se triturait depuis long feu la tête de questions existencielles, ou s'il y est tombé par le pur hasard d'une rencontre ou d'un vagabondage de l'esprit. Qu'il s'est peut-être forcé au début à pratiquer cet exercice tout à fait étonnant, puis qu'il s'est pris au jeu, et que c'est ensuite devenu une seconde nature. Avec l'habitude, et porté par les frissons qu'il a dû ressentir au moment de ce changement, un réflexe conditionné et inconscient se serait installé dans les fondements de son âme, sculptant sa pensée autour des piliers du dogme qui allait devenir le sien.
Mon ami Co Yo T E répète souvent que vivre, c'est se réduire. Lui n'avait pas eu à choisir. Il vivait tout. Au début des années 80 dans le Paris de Belleville, on a beaucoup parlé de cet être étrange qu'on a appellé le jeune homme aux milles émotions. Ce nom lui fut donné car, en toutes occasions, sans aucun répit, toutes les émotions existantes et qui furent un jour nommées, et dont votre serviteur ne tentera même pas d'énumérer une liste représentative, se succédaient sur son visage tel un maëlström, sans que jamais aucune logique ne permette à son interlocuteur de les prévoir. Quand il arrivait dans une de ces soirées qui firent sa réputation, il débarquait familier pour le père, prosaïque pour la petite fille, attentionné envers ses ennemis et dans la minute détaché envers ses hôtes, puis s'arrêtant de nostalgie devant des inconnus, il explosait d'exaltation devant ses ex petites-amies. Chacune de ses phrases, chacune de ses attitudes renouvellaient sans cesse l'étonnement de son public par leur absence apparente de cohérence émotionelle. Tour à tour tendre, indifférent, défensif, enjoué, contrit, paniqué, blasé, extasié, stoïque, variant du premier jusqu'au dernier degré de la sensibilité humaine, riant à gorge déployée devant une chûte puis pleurant devant une frange.
Par conséquence de cette versatilité, on ne pouvait lui préter aucun autre trait de caractère persistant ou plus développé que les autres. Ils s'alternaient tous dans un équilibre que les témoignages recoupés instruiraient assez parfaitement; si vous connaissiez une personne vous affirmant que c'était un beau-parleur excentrique, alors quelqu'un existait sur terre pour assurer qu'il s'illustrait au contraire par sa délicatesse et sa sensibilité. La plupart des gens qui le connaissaient s'accordaient à dire qu'on savait peu de sa véritable personnalité. Ils ne pouvaient véritablement le décrire, à part qu'il avait l'air sincère; et vivant. Il était pour le monde entier comme une coquille insondable au mieux, vide en fait. Peut-être était-il l'esclave de ses émotions. Peut-être était-ce simplement un esprit libre. Ceux qui le détestaient, à mon avis, détestaient probablement la difficulté qu'il leur faisait à le cataloguer comme ils avaient pour loisir de le pratiquer à tout bout de champ, et détestaient peut-être un peu l'image qu'il renvoyait d'eux-mêmes, du conditionnement et des imperfections de leurs jugements. Ils peinaient à trouver des mots sur lesquels appuyer les raisons de leurs ressentiments. Qu'il soit comme çi, ou comme ça, mais sans contradiction. Qu'on s'attache à lui ou qu'on le conspue, sur un point commun ou sur une différence, mais sans contradiction. Qu'il existe comme les autres, avec les implications qui vont de suite. Que ses réactions soient prévisibles, qu'elles soient compréhensibles, qu'il soit déterministe enfin. Qu'on puisse dire de lui, qu'il avait des défauts qui lui feraient répéter les mêmes erreurs jusqu'à la fin de sa vie.
Entré par Bibasse, le Lundi 19 Septembre 2005, 02:16 dans la rubrique "Diversatile".
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CoYoTE,
dans le même fétu de temps, a écrit :
C'est sympa de me citer.
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Thème inspiré par Bryan Bell.
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