Aujourd'hui, Jeudi 31 mars 2005. J'ai 9833 jours, en estimation grossière. C'est la première fois que je porte une cravate. Je fais mon coming-out vestimentaire.

J'ai eu beau répéter le geste toute la semaine, ce matin, je me suis pris un quart d'heure de retard à cause de ce bout de tissu récalcitrant qui refusait de se plier à mes exigences de discrétion. J'ai réessayé 5 fois, mais les rares où j'arrivais à peu près à la nouer sans qu'elle ne m'échappe au dernier moment, je trouvais le noeud toujours trop gros, trop voyant.

Avant d'en arriver à ce moment fatidique, j'ai quand même bien tenu. Insoumis entêté à la dictature de la cravate, je n'en ai jamais mis en entretien, d'ailleurs j'en avais pas, et souvent, ca s'est carrément remarqué.
Et puis, je me suis dit, refuser d'en porter, n'est-ce pas un autre diktat? Au nom de l'abolition des classes, n'utilise-je pas les mêmes armes que l'ennemi? J'ai pensé à tous ces garçons qu'on voit en costard aux heures de bureau, mais dont la démarche, l'attitude ne colle pas. Décontractés, les cheveux en bataille, ils ne se posent pas la question, ne se formalisent pas, ne cherchent pas à s'adapter au vêtement, ils sont à l'aise à la base. Pour eux, porter la cravate, c'est un détail, ils font la part des choses. Pour moi, c'est presque un acte de rebellion, au final. C'est vrai quoi, l'habit ne fait pas le moine. On ne juge pas un livre à sa couverture.

Bon allez, je dis la vérité. J'ai vu des motifs japonais au loin dans un rayon, je me suis rapproché pour voir, c'était une cravate. J'ai craqué.

Yoshimi battles the pink robots (part 2).