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\\ La vie à nu
Le sous-titre : The last time I did life I went insane
ATTENTION.
EN RAISON DE LA PRESENCE D'AMOUR EXPLICITE,
ET D'OPINIONS SUSCEPTIBLES DE HEURTER D'AUTRES OPINIONS,
CE CONTENU EST DECONSEILLE AUX AMES SENSIBLES,
AINSI QU'AUX MINEURS DE MOINS DE TREIZE ANS.
.

Treize ans c'est bien assez.


Tribune Libre Vendu

Un blog, c'est un endroit d'expression libre. C'est pour cela que, ponctuellement, je cède un bout d'espace à quelqu'un qui m'en a fait la demande. Aujourd'hui, Daniel, qui, au sujet la chanson "The Last Time I Did Acid I Went Insane", m'a informé avoir rencontré quelqu'un qui prétendait connaitre le sens de la vie.

 

Il y avait Jacques-Edouard donc, ce type qu'on appelait Coyote et qui prenait des notes, Maxence, et à genoux entre ceux de Maxence, Chelsea. Ben travaillait, Douce ne venait plus depuis qu'il avait déménagé. Il y avait aussi une fille dont je ne connaissais pas le nom, Janine, je crois, en tout cas ce n'était pas Thérèse, car elle était assise à coté de moi.
On avait pas mal parlé de "La possibilité d'une île" de Michel Houellebecq. Maxence prétendait n'y avoir rien appris à part que Houellebecq était un grand écrivain. J'avais osé "rares sont les livres a aussi haute densité d'intelligence", Jacques-Edouard ne savait pas s'il y survivrait. Puis nous avions disserté sur l'antifolk et les techniques de production lo-fi. Dans les baffles du PC, la chanson "The Last Time I Did Acid I Went Insane" arrivait au passage qui évoquait l'insanité.

J'étais à la fois mal à l'aise, effrayé, et en état de fascination exacerbée. J'avais moi-même un peu bu.
Je me souviens, Maxence avait les yeux rouges, il était passablement bourré, et tandis que la fille à genoux entre ses jambes commençait à le sucer, et que Jeffrey Lewis affirmait qu'il venait juste de découvrir "the meaning of life", il a commencé ce monologue :

"Ah... le sens de la vie. Tout le monde lui court après, on en aurait presque déduit qu'il était inaccessible.
Et pourtant...
Tu vois, c'est l'incapacité fondamentale de l'humanité à appréhender le sens de la vie qui m'a mis la puce à l'oreille.

Et quand on a compris le sens de la vie, il n'y a rien d'étonnant à savoir qu'on l'a toujours eu devant les yeux.
C'est si simple, si cru, le sens de la vie..."

Il y avait quelque chose de doux et d'agréable dans le rythme de ses paroles, ou c'était peut-être juste le souligné des mouvements de va-et-vient de la belle chevelure dorée.

"Nous, français, on avait un avantage. La polysémie. Mais la polysémie, c'est déjà très compliqué, tu me diras..."

Je ne disais rien. Cette perspective m'excitait.


"Par exemple, prends l'expression anglaise "the meaning of life". Elle passe complètement à coté. Avec le mot "meaning", ça ne marche pas, car il n'a qu'un sens.
Le sens du mot "sens", je ne t'apprend rien, c'est la relation intelligible entre les signifiants, la sémantique, mais ça désigne également nos facultés à percevoir la vie. Et le plus important, le sens EST la direction. Et le sens de la vie, l'unique qui nous soit absolu, ça peut paraître idiot, mais c'est ça. C'est celui de la flèche du temps, celle qui va de la naissance à la mort. Ensuite, il reste à le comprendre."

La fille marqua une pause et levait les yeux, elle écoutait aussi.

"Cette flèche du temps qui structure notre univers sensible depuis notre apparition où nous n'étions pas avant jusqu'à notre disparition où nous ne serons plus après. C'est la seule constante.
Entre les deux, quelque chose qu'on a appelé l'intelligence s'agite autour d'une représentation d'un Monde perçu comme tel et y effectue des transformations, certaines pour se souvenir de ce qui a été perçu, d'autres pour reconnaître et identifier ce qui l'est, d'autres encore pour anticiper, deviner ce qui le sera. Il en existe même pour s'évader, et bien souvent on utilise toutes les fonctions possibles en même temps. C'est amusant comme les flèches du temps des mondes sont multiples, elles pointent le passé, le futur, la parallèle, le possible et l'impossible, mais le mécanisme est exactement le même dans les souvenirs, la reconnaissance, l'anticipation, le calcul, les rêves. C'est le parcours d'un monde dans notre tête. Toutes les relations dans ces mondes, les relations entre les mondes de chacun d'entre nous, les relations entre nos mondes et le monde réel, ce ne sont que des sens locaux."

Thérèse faillit avoir une objection, en tout cas, elle fit une moue. Elle avait l'air de penser que tout cela n'en avait aucun.

"A chaque fois qu'on perçoit un Monde, on le perd. D'abord parce qu'on se trompe, qu'on est incapable de le percevoir dans sa réalité, mais à sa place on obtient seulement quelque chose qui s'intègre dans notre vision déjà construite, dans nos règles. Ensuite, parce sa structure a la complexité de l'infini : pour l'assimiler, nous le synthétisons, nous perdons les détails, nous perdons la réalité. Nos bases sont toujours biaisées, on les veut les plus solides possibles mais elles s'appuient toujours sur des axiomes inaccessibles à la sémantique. Il est impossible de combler ces systèmes. Et on tort de négliger le principe du talon d'Achille. Oui, c'est vrai, on définit des relations d'ordre, pour conforter nos choix, qui seront donc meilleurs que d'autres dans le système de pensée qu'on a choisi. Et, bien souvent, la vérité est pourcentable. On est "quasiment certain" de ne pas se tromper. Pour le chercheur d'absolu, être quasiment certain ne suffit pas à son exigence, pour le scientifique, elle n'explique pas tout les phénomènes, pour le fou, le génie, et l'oracle, elle est la barrière conceptuelle dont ils se sont affranchis.
Il ne faut pas beaucoup de choses pour trouver des relations d'équivalences entre la pensée d'un fou et, disons, la tienne. Et alors, tu sais ce dont on s'aperçoit? On s'aperçoit que ces équivalences sont absolument fondamentales. Dans l'absolu, tu n'as pas plus raison qu'un fou. Nous sommes tous congrus."
J'étais perdu. Ce type mélangeait tout. Ça ressemblait à un vrai capharnaüm d'influences non digérées. Le chanvre n'expliquait pas tout. J'avais la vague et étrange intuition que son discours était incohérent; sur le moment, je ne pouvais dire pourquoi.
"Alors, avouons-le, nous sommes producteurs et consommateurs de sens, notre vie est le substrat en dehors de laquelle le sens ne veut rien dire.
La vie, ça ne sert pas à comprendre le sens, ça permet d'en expérimenter les limites.

Il n'a rien de mystérieux finalement. Il ne faut pas chercher midi à l'heure de partir. Le sens de la vie est ce qu'il est.
Je commençais à être sérieusement énervé par ces formules jetées à l'emporte-pièces. J'étais abasourdi par sa capacité à s'écouter parler. Qu'allait-il encore sortir comme cliché, qu'il ne faut rien attendre de la vie, qu'il faut vivre sans demander?

"Il ne faut rien attendre de la vie. Il faut vivre sans demander."

La fille glissa délicatement ses cheveux derrière son oreille gauche avant de reprendre consciencieusement ses caresses orales.

"Est-ce que tout est dit pour autant? Non, bien sûr. On peut changer d'avis. D'ailleurs toutes nos existences se résument à apprendre et désapprendre ce qui peux changer, de ce qui ne peut pas l'être. Continuer à parcourir le monde, transcender, oublier, exploiter ses contradictions dans tous les sens, ceux dont je parlais tout à l'heure. Et puis changer d'avis.
Demain, je douterai encore, et j'aurai probablement peur de mourir. Et je dirai d'autres n'importe quoi, dictés par des raisons et des émotions qui sont invisibles à ma conscience. Je t'affirmerai tout le contraire de ce que je t'ai affirmé ce soir. J'aurai tort, bien sûr, j'en suis absolument convaincu. Mais arrivera un jour où je serais encore plus convaincu qu'aujourd'hui."


Un ange passa au dessus du cendrier où deux cigarettes se suicidaient. La fille avait la technique et l'extrême attention de n'être pas bruyante.

Puis il m'a dévisagé.

J'ai écrit : "il m'a dévisagé". Mais j'ai l'impression que je dois préciser que c'est arrivé au sens propre, que j'ai écrit ce mot pour l'information qu'il contient. J'aurais pu simplement écrire qu'il m'avait dévisagé, tout aurait été dit, mais je voudrais que vous compreniez, et l'explication ne vient jamais qu'après. Je l'ai senti se projeter mentalement vers moi, arracher mon visage, puis regarder mon âme.
J'étais dévisagé et le sujet avait changé, il n'était plus question du sens de la vie, j'étais son point d'interrogation. Il m'a demandé :

"Tu ne peux pas assumer tes propres pensées?"

Je ne répondis rien.

Ma tête est emplie de doubles-sens. Elle est pleine et vide de tout et de rien. Je suis totalement influençable par tout et tous ceux qui m'entourent. J'ai toujours été Monsieur Tout Le Monde, même si c'est dur de faire tenir Le Monde dans sa tête. Je suis parfaitement schizophrène. Alors comment puis-je savoir quelles sont "mes" pensées, celles qui m'appartiennent?
Je ne répondis rien, et pendant un long moment, je ne pensai plus.

Il s'est mis à me sourire. Je n'avais pas assez d'énergie pour distinguer dans ce sourire une marque de tendresse d'un rictus. L'espace d'un instant, il fut pris d'une émotion.

Et je me suis demandé s'il jouissait de m'avoir mis à nu.

Entré par Bibasse, le Mardi 25 Octobre 2005, 02:06 dans la rubrique "Coups de schiseaux".

Entrées :

ryne, dans le même fétu de temps, a écrit :

Le cercle des "penseurs" n'a finalement pas totalement disparu.

Me voila rassurée.

J'aimerais quand même savoir, si tu as une mémoire d'éléphant, si c'est une fiction, ou juste du -pofinage- d'esprit tordu.

Une chose est sur, joyeux Noël.


 
Daniel, dans le même fétu de temps, a écrit :

Phew, for a minute there, I lost myself

Ca s'est passé comme ça, de mon point de vue.

Sincèrement,

Daniel.

 


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Thème inspiré par Bryan Bell.