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Des sirènes multiples retentissaient au loin, comme pour avertir une population sous couvre-feu d'un bombardement imminent.
Au sortir du bar dans lequel il s'était réveillé, Harry découvrait par lui-même le nouveau visage de Silent Hill. Et il s'aperçut rapidement que Cybil n’avait pas exagéré sa description. Mais tout ce qu'elle lui avait décrit ne pouvait suppléer au choc de la vision quasi-surnaturelle d'une ville abandonnée par toute humanité.
Le bar se situait dans Levin Street, l’une des principales rues commerçantes. Certains stores des magasins attenants étaient baissés, d'autres non. Les panneaux "ouvert" n'avaient pas eu le soin d'être retournés. Au travers des vitrines, on pouvait imaginer des scènes de la vie quotidienne. Ici la plupart des couverts de ce restaurant n'avaient pas été débarrassés. Là, un cabas était maladroitement déposé sur un comptoir, des conserves de fruits s'étalant par un de ses cotés troués. Sur le trottoir, des voitures étaient garées, les portières fermées, selon leur usage normal. Cependant, Harry pouvait identifier certaines des sirènes qui retentissaient au loin comme étant des alarmes de voitures. Apparemment, aucun propriétaire inquiet ne prendrait la peine d'accourir. La désolation faisait un mariage contre-nature avec la ville. Ses lieux témoignaient du passage encore récent de la vie et de l'humanité, que contrastait d'une ironie silencieuse leur abandon.
Mais ce qui impressionnait le plus Harry, bien plus que la ville elle-même, c'était le brouillard qui l'avait envahi. Il n’y voyait guère qu'a trois ou quatre mètres devant lui, et cela l'empêchait de construire une vision globale de la ville. Il devait progresser lentement, et de surcroît longer les murs avenants. Arrivé à une intersection (une pancarte indiquait Bachman Street, en direction de la rue qu'il avait remonté, et Elmer Street, à gauche), Harry traversa en prenant soin de suivre les lignes de stop. La brume était si dense que le coté de la rue qu'il quittait disparut bien avant que l'autre n'apparaisse. Perdu dans le brouillard, Harry eu l'angoisse de ne jamais découvrir cet autre coté, de marcher sur une ligne infinie qui ressourcerait perpétuellement son éclat dans les nuages blancs avait laquelle elle se confondait. Lorsqu'il mit les pieds sur le trottoir, Harry considéra que traverser une rue déserte ne lui avait jamais été si périlleux. Mais il l'avait fait, car il savait la route qu'il devait prendre. Harry savait ou aller, et ce savoir lui avait fourni le réconfort de la détermination. Il devait prendre la rue d'Elmer Street, car elle déroulait la direction de l'école élémentaire de Greenwich.
***
Avant de sortir du bar, Harry avait jugé bon de "faire le plein". Ce qui était encore comestible (c'est à dire plus pour très longtemps ce qui se trouvait dans le réfrigérateur qui ne réfrigérait plus), mais plus largement tout ce qui pouvait avoir une quelconque utilité. Harry avait arraché une grande carte touristique de la ville d'un des murs à coté du comptoir, récupéré une petite torche électrique, un beau modèle avec une tête pivotante, et localisé des piles neuves. Il repéra une petite radio portative. Elle semblait en état de marche, cependant en position « on » il était impossible d'entendre la moindre fréquence sonore. Harry avait fait partie d'un club de radio amateur au lycée. Il espérait pouvoir tirer partie de ses souvenirs et de ses bidouilles pour tenter de réparer la radio, aussi la glissa-t'il dans son gilet. Puis Harry s'intéressa aux tiroirs situés derrière le comptoir. Ses poches avant déjà bien remplies, Harry porta machinalement un paquet de chewing-gum dans sa poche arrière droite. Sa main buta un carnet qui en dépassait, un carnet dont Harry n'avait aucun souvenir.
La couverture, gondolée, le surprit comme les premières notes d'une boite à musique ouverte accidentellement. C'était le cahier à dessin de Cheryl. La dernière fois qu'il avait vu sa fille, elle dormait en tenant précieusement ce carnet dans ses petites mains. La plupart des pages contenaient ce qu'on pouvait prendre pour les esquisses grossières d'un projet mystérieux et plus ambitieux, mais il aurait été difficile pour un adulte de deviner les aspirations artistiques de ces œuvres, si tenté que Cheryl en exprimait à ce moment. Harry se demanda comment le cahier pourpre avait pu parvenir dans sa poche. Ou il l'avait récupéré sans s'en souvenir, ou bien Cybil l'avait fait. Harry ne manquerait pas de lui demander, s'il la revoyait. Une page avait été séparée de la reliure, puis réinsérée dans le carnet. Elle était gribouillée, tout en rouge, mais en la renversant, Harry put lire les grandes lettres, en bâtonnet, qui avaient été tracées. Elles traçaient :
"A l'école"
Thème inspiré par Bryan Bell.