D'ordinaire, je choisis mes mots.

Lorsque je le fais, j'ai une propension devenue quasi-naturelle à force de pratique à multiplier les sens. Ils ne sont jamais gratuits. Chacun est valide dans un système de valeurs fondé et que je trouve approprié. Mon message, c'est la conjonction de ces messages. Je les assume tous, mais si on n'en choisit qu'un, ça suffira.

Et puis, je dis des phrases qui n'ont qu'un seul et unique sens. Ces phrases me désarment et me mettent à nu. Elles ne souffrent ni déformation ni interprétation. Elles sont rarement comprises de n'être prise dans leur sens premier. "Je te souhaite une bonne journée", "Non".

Parmi toutes phrases que je dis maîtriser, la plupart m'échappent, au final. Des sens qui n'étaient pas invités infiltrent sournoisement la grille de mon contrôle. Ceux-là ne reflètent en général pas, même inconsciemment, ce que je désirait communiquer. Mais leurs effets sont dévastateurs. Trop tard. Ils ont créé une incompréhension. Pendant que je fouillais certains mots, je me tendais, je perdais ma lucidité, mon recul. Ou j'étais trop fatigué. Du coup, les autres passaient en douce.

Je ferais un mauvais agent de sécurité.

INTERDIT AUX MINEURS