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Bibasse : Hey... toujours dans le coin?
Aileapart : Coin... Coin... Répondit l'écho.

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\\ Le blues du Père Noël

Je serre mon manteau vermillion,

Et j’pars en criant « Oh, oh, oh ».
Je cherche à me rapprocher
De la chaleur des réveillons.

Bientôt Noël, et je le sens,
Je vais le passer dehors.
Il n’y a pas si longtemps
J’étais encore au firmament
De ma profession,
On m’adorait.
J’étais un intermittent
Et quand je me débrouillais bien,
Jj’pouvais bosser un jour par an
Aujourd’hui, j’chuis un ermite
Un moins que rien
C’est moins marrant.

Tout ça c'est la faute à la crise.
Je ne suis qu'une victime de plus.
Une de trop me direz vous
Cette année, les prévisionnistes disent
Que seul l’hiver connaitra la r'prise.


J'ai tout donné pour mon boulot
Et maintenant, j'en paye l'effroi.
A cause des baisses d'activité,
A cause des délocalisations,
A cause de cette vie qui te fait
De moins en moins de cadeaux,
J'ai perdu ma crédibilité
Sur les marchés internationaux.

Et puis ma femme m’a plaqué
Comme un mauvais accord de blues,
Je ne la touchais pas assez,
Selon elle, j’étais une tantouze
Elle a exigé la maison, le flouze,
Et puis aussi, d’aller m’faire voir,

Depuis chaque soir, elle tombe la blouse
Et se déshabille dans les bars.

J'ai mon passeport qu'a expiré
Et j’ai perdu mon atelier
Et toutes mes économies
A cause d'une inondation,
Le réchauffement de la planète.

J’ai perdu confiance en moi,
Je me suis laissé allé,
J’ai cumulé les petits boulots,
Coursier, publicitaire, vendeur,

Mais j’arrivais toujours en retard.

Je mangeais n’importe quoi
Et j’ai quand même pris du poids
Je me suis vu vieillir de dix ans !
En voyant tomber mes cheveux blancs.

Aujourd’hui, j’ai l’œil vitreux
D’avoir voulu chasser les larmes avec du rouge par litre
Et je ne me rases plus
Et mes phrases s’étouffent dans une barbe touffue

Plus personne ne croit en moi
Tout le monde a peur et ça se ressent
Dans ce climat sécuritaire,
Je suis devenu un paria

Personne pour me laisser ma chance

Alors je serre mon manteau vermillion,
Et j’pars en criant « Oh, oh, oh ».
Je cherche à me rapprocher
De la chaleur de vos foyers.

J’erre en trainant avec ma hotte
Plein de cadeaux de récup.
Des trucs jetés à la hâte à la poubelle
Ou mis aux enchères sur e-bay.

J'erre avec mon grand manteau
Et quand je croise des enfants
Je leur promet des bonbons
A la condition

Qu'ils soient bienveillants
Leurs parents me chassent, criant
"Espèce de sale pervers!"
De quelle église prétends-tu donc être père?"

Alors, j’resserre mon manteau vermillion,
Et j’repars chuchotant « Non, non, non ».
Et je cherche à me rapprocher
De l’innocence, de l'innocence.

La rue, gamin, moi j'te l'dis
Tu vois de tout et de n'importe quoi
J’ai vu des nains comme je vous vois
Faire des emballages cadeaux au noir

Un soir où j’étais vraiment mal
J'suis même entré par effraction
Par la cheminée d’une maison
Pour fouiller leurs chaussettes sales

Je suis tombé nez à nez
Avec un groupe d’hommes bourrés
Ils m’ont immobilisé
Et me prenant, pour un sex-toy
M’ont brisé la rotule et,
Se sont mis à m’...évanouir

Alors, j’ai r'fermé mon manteau vermillion,
J’suis reparti en criant « Ouch, ouch, ouch ».
Et j’ai cherché à me rapprocher
D’une pharmacie pour ce Monde.

En regardant vos cheminées,
Je m'égare
Qu’est-ce que j’fumerai un bon cigare !

Non, mieux ! Tant qu’à rêver,
Je me ferais bien un rail de coke

Et c’est sacrément ironique
Quand on sait que ce Saint Nicolas
Fut créé par Coca Cola.

Comme vous l’aurez certainement deviné,
Mon histoire se passe à Rennes.
On m’appellait le Père Noël,
Et voiçi la fin de mon règne.
Si vous venez sur mes genous
Pour me parler de vos étrennes.
Pour me tirer la barbe
Ou pour me tordre les narines,
Avec une jeune branche d’arbre
Je vous parlerai en retour,
Je parlerai à vos cœurs d’enfants
Qui croient à la magie sous la neige,
Aux espoirs et aux rires qui allègent,
A la solidarité et à la chaleur humaine,
 Car seuls ces cœurs me comprennent.
 
Entré par Bibasse, le Vendredi 12 Décembre 2008, 17:59 dans la rubrique "Aura des paquerettes".

Entrées :

Pauline, dans le même fétu de temps, a écrit :

Depuis le texte sur le grand Boulevard de Paris, j'attends avec impatience le texte de Noel.

Je ne suis jamais déçue.Sauf peut etre pour ce monsieur aux illusions perdues qui porte

un manteau rouge vermillon.

Tu lui souhaiteras bien du courage de ma part.

Quant à toi, profite bien de toute ta famille et de tous les instants passés là bas,

loin de tout mais près des tiens :p

Bisous!


 


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Thème inspiré par Bryan Bell.