Ce matin, je me suis regardé brutalement.

J'ai regardé le réveil d'un coup sec, puis je me suis regardé.
J'ai regardé le premier caleçon de la pile, mon jean de la veille, mes chaussettes d'homer simpson, et un t-shirt orange rangé en haut de ma penderie. J'ai regardé mon café avec deux sucres, mon jus d'orange, encore comme tous les jours de la semaine, et deux ou trois tartines de confiture. J'ai regardé le bordel dans ma piaule, ça ne s'arrange pas. Puis, j'ai regardé mon vélo pour me regarder vers le boulot.

Au boulot, j'ai regardé mon écran pendant des heures, des heures, des heures, et les dernières minutes de la matinée qui sont souvent les plus longues. Chez moi, j'ai regardé ce que j'avais de comestible, j'ai regardé un petit peu sur Internet et rebelote au boulot.

Mon écran m'a regardé pendant des heures, des heures, des heures, et de temps en temps, je regardais, puis je regardais, et puis je re-regardais, et caetera, et caetera.

Le soir, je suis allé regarder à mon cours de salsa. Il y avait cette nana, qui s'est mise à me regarder. J'ai commencé à la regarder à mon tour, on a regardé, on s'est regardé, et d'égards en égards, on a regardé un verre, puis deux, regardé deux ou trois clopes, et beaucoup, beaucoup regardé. Au moment de se regarder, elle m'invite à la regarder chez elle. Dehors, dans l'allée, sous le clair de ciel, la nuit nous regardait. A son appart, on s'est regardé confortablement sur son sofa. On a regardé de la musique douce, puis on s'est regardé l'un de l'autre. Je l'ai regardé tendrement, elle me rendait mon regard, alors nous nous sommes regardés, puis comme des sauvages, nous avons fini par nous regarder. Trois fois. Puis j'étais tellement regardé que je me suis regardé sur le coté, et j'ai fini par me regarder sur son sofa.

Le lendemain matin, je me suis regardé brutalement.