Le soleil blasé clos son oeil sentencieux
Son ciel battant déclin de paupière silencieux
Pour calmer le vacarme des larmes aveuglantes
Qui sur des joues de sable veulent une vie languissante

Je me demande imaginaire : "chante-moi une chanson",
   Me réponds : "Je ne me souviens pas, seulement certains sons"
"Connais-tu un poème, par coeur?" "Je n'en connais plus
  Ni d'écrits, entendus, de rêvés ou de lus"
"Alors une plaisanterie, amuses-moi, je t'en prie
  Je ne sais pas si je suis nouveau-né ou amnésique"

L'île me décrit des cercles en partant de ma crique,
Et les jours concentriques me revient mon épave,
Des restes dressant des traits d'autres destins
Que l'océan disloque dans son intestin
C'est le naufrage lui-même qui a fait naufrage

J'essaie d'amonceller ces preuves d'existence
Et les serre contre d'autres avec des bouts d'idées
Pour résoudre le puzzle de mon identité
Mais elles se morcellent et ne font pas de sens

Des vapeurs d'océan au dessus de ma nuque
Le ressac choisira d'accélerer leur chute
Pour qu'elle tombent en trombe d'une pluie cul-de-sac
Pris au piège d’une plage de sentiments maussades

Et des jours j'ai si mal là où rien ne crie rien.
Je m'y suis abymé, si profond, dans l'écorce
Mon coeur en biseau taillade et écorche
Des branches centenaires en cherchant son chemin.