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\\ Simulacres et émotions
En me laissant porter par l'internet, je ne surfais déjà plus depuis quelques minutes, je suis arrivé sur une plate-forme de diffusion vidéo, et je suis tombé sur celles de cette fille, cette fille de 11 ans, 14 ans pas plus, qui poste des clips d'elle, gros plan éhonté de son visage rond reprenant n'importe quelle chanson, une webcam, d'elle chantant tout un tas de chansons, de belles, barbie girl, des sérieuses, je croie qu'il y avait pourpre dans son pseudonyme. Une frimousse d'ange poupon occupant tout l'écran, une vie diable-farceur bondissante à la caméra. Elle chantait toute la palette de son hyper-sensibilité, avec une exubérance, une joie de vivre, de chanter, témoignage pixelisé, démonstration de force et d'élasticité, tout à fait hors norme.
Je me suis dit, encore une artiste voulant être, voulant être artiste, et qui se colle, c'est un fait plus que certain, des heures devant la glace à contempler ses grimaces, ces langues tirées et ces yeux qui louchent, qui disent fuck au monde, je ne suis pas parfaite, je vous emmerde aimez-moi, un jeu de dérapages maîtrisés, à ne pas travailler pour ne pas casser la spontanéïté, mais guidé par une intuition exceptionnelle, belle mais l'air de rien à part celui d's'en foutre, ambition démesurée et narcissisme approprié, observatrice des visages humains, au sommet de son art, si affamée et si généreuse. Une adolescente en somme.
***
J'ai reçu ma caméra hier, et j'ai, cela n'avait aucun rapport, regardé le dernier épisode de Dexter. J'ai révisé mon avis sur les soap-opéras. Après tout il s'agit d'un serial killer en action. Dans cet épisode il dit quelque chose comme Tu connais le dictionnaire des émotions mais tu ne les ressens pas Tu les feins Tu les confonds avec des impulsions primaires Tu es comme moi (comme je ne cite pas les propos exacts, je ne me suis pas permis de mettre des guillemets).
Je ne suisplus pas comme lui, j'ai des émotions, et je ne suis pas un serial-killer. D'ailleurs, je ne suis, résolument pas, dangereux dans quelque mesure que ce soit. Ca me rassure énormément.
***
Ce soir, fallait bien que je teste ma caméra, pour vérifier qu'elle fonctionnait encore, ben oui, depuis la veille, alors, je me suis, franchement, qu'est-ce que je pouvais bien filmer après tout? après mon chat, mon appartement, mes mains, et bien, j'ai fini par me filmer. Oh, je n'ai même pas vu l'idée venir. Pris par surprise, je me revois baragouiner toute ma gène devant un public invisible, une tête de déterré, puis, je me rattrape et m'alpage :"Tu filmes?", "Et bien arrête de bouger la caméra". La bande magnétique l'atteste : je me relâche, je chercherai plus tard pourquoi. J'ai improvisé quelques plaisanteries, et des moues complices sont venues s'incruster presque subliminalement sur mon visage, transformé. J'ai envie de rejouer cette séquence, de la refaire, pour voir si je suis capable de communiquer les mêmes émotions, ou bien alors si d'autres se libèrent et s'expriment extérieurement.
***
Je découvre un aspect entièrement nouveau de la performance poétique, du spoken-word, je me sens comme nouveau-né, je slame, je slame, je slame, en préparation du concours, j'essaie des nouveautés, je me suis tellement souvent planté, alors je m'enregistre puis je m'écoute en boucle et slame par dessus indéfiniment. Chaque fois, je me laisse d'abord guider, puis je déclame en points d'appuis, prend des sauts dans l'imprévu, dans le moment vivant, le moment nouveau, j'improvise puis me recanalise, car là voici le passage triste, et ça reprend en apothéose, et ça reprend en prose, et caetera, et caetera.
Mon cerveau Part 1 tente de mémoriser le tout, les émotions attendues, entendues, reconnues, que l'on partage par consentement longtemps donné à l'avance, codifié, tout ce que je détestais ... Mon cerveau Part 2, mon autre hémisphère qui ne se satisfait de rien, qui se dégage et se libère toujours du chemin tracé, il trouve toujours un moyen par des sauts desaxés, de nouveaux accidents, pour de la poésie.
Alors, je répète, je répète, je répète, la perfection n'est approchable que par la répétition, je me répète, tout ce que je fuyais ..., avec une voix de fond qui me dit d'accepter enfin la valeur du travail dans l'art petit con d'idéaliste.
***
De l'alphabet des émotions, j'ai appris quelques lettres, devenues depuis en peu de temps, des automatismes. J'utilise plus rarement des mots sans vraiment connaître leur définition exacte, par intuition et par contexte. En général, les choses se font de façon très fluide. Mon rêve c'est d'inventer.
**
Aujourd'hui, j'en ai besoin parce qu'en public, devant toi, j'ai tellement peur, tellement peur, que ta seule présence m'innerve, me bloque, me coupe l'accès aux émotions, je ne ressens plus rien à l'intérieur, et je n'exprime plus rien à l'extérieur. Et qu'il ne se passe rien. Je redeviens ce vide. J'exagère. Ca dépend. Mais que ça m'arrive avec toi m'est devenu de plus en plus difficile à supporter. Alors j'y travaille.
**
C'est un simulacre, un simulacre d'émotion, un simple simulacre, une hypocrisie parfois, mais le plus souvent un acte nécessaire, qui entraîne, t'entraîne comme une chaîne de vélo, et, finis par créer ce qu'il simule, te la transmets et la transmets aux autres, et tu la ressens, tu la ressens pour de vrai, et les autres la ressentent aussi, comme une chanson, un poème, une communion. Vos coeurs sur la même longueur d'onde, il y a communication. Grâce au simulacre.
*
Tout le monde, tout le monde, tout le monde le fait. Ce tissage, cet apprentissage. Mimer des émotions pour les comprendre.
Tellement jeune le plus souvent que peut-être certains le nieront. Pourquoi ai-je alors refusé, si tôt dans ma cour d'école, comme si tout le monde était mon père? Pourquoi se vouloir orphelin d'émotion? N'avoir pas réclamé d'affection? Et si mon père m'avait voulu? Si ma mère ne l'avait pas su? Moi, je ne devrais pas m'en vouloir, mais voilà ma peine aujourd'hui.
*
Je me sens comme un enfant.
Je me regarde, enfin. Je suis adulte.
Je peux m'aimer, et mieux que ça.
Et embrasser le Vrai Maintenant.
Il n'y a plus de répétition.
Je me suis dit, encore une artiste voulant être, voulant être artiste, et qui se colle, c'est un fait plus que certain, des heures devant la glace à contempler ses grimaces, ces langues tirées et ces yeux qui louchent, qui disent fuck au monde, je ne suis pas parfaite, je vous emmerde aimez-moi, un jeu de dérapages maîtrisés, à ne pas travailler pour ne pas casser la spontanéïté, mais guidé par une intuition exceptionnelle, belle mais l'air de rien à part celui d's'en foutre, ambition démesurée et narcissisme approprié, observatrice des visages humains, au sommet de son art, si affamée et si généreuse. Une adolescente en somme.
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J'ai reçu ma caméra hier, et j'ai, cela n'avait aucun rapport, regardé le dernier épisode de Dexter. J'ai révisé mon avis sur les soap-opéras. Après tout il s'agit d'un serial killer en action. Dans cet épisode il dit quelque chose comme Tu connais le dictionnaire des émotions mais tu ne les ressens pas Tu les feins Tu les confonds avec des impulsions primaires Tu es comme moi (comme je ne cite pas les propos exacts, je ne me suis pas permis de mettre des guillemets).
Je ne suis
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Ce soir, fallait bien que je teste ma caméra, pour vérifier qu'elle fonctionnait encore, ben oui, depuis la veille, alors, je me suis, franchement, qu'est-ce que je pouvais bien filmer après tout? après mon chat, mon appartement, mes mains, et bien, j'ai fini par me filmer. Oh, je n'ai même pas vu l'idée venir. Pris par surprise, je me revois baragouiner toute ma gène devant un public invisible, une tête de déterré, puis, je me rattrape et m'alpage :"Tu filmes?", "Et bien arrête de bouger la caméra". La bande magnétique l'atteste : je me relâche, je chercherai plus tard pourquoi. J'ai improvisé quelques plaisanteries, et des moues complices sont venues s'incruster presque subliminalement sur mon visage, transformé. J'ai envie de rejouer cette séquence, de la refaire, pour voir si je suis capable de communiquer les mêmes émotions, ou bien alors si d'autres se libèrent et s'expriment extérieurement.
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Je découvre un aspect entièrement nouveau de la performance poétique, du spoken-word, je me sens comme nouveau-né, je slame, je slame, je slame, en préparation du concours, j'essaie des nouveautés, je me suis tellement souvent planté, alors je m'enregistre puis je m'écoute en boucle et slame par dessus indéfiniment. Chaque fois, je me laisse d'abord guider, puis je déclame en points d'appuis, prend des sauts dans l'imprévu, dans le moment vivant, le moment nouveau, j'improvise puis me recanalise, car là voici le passage triste, et ça reprend en apothéose, et ça reprend en prose, et caetera, et caetera.
Mon cerveau Part 1 tente de mémoriser le tout, les émotions attendues, entendues, reconnues, que l'on partage par consentement longtemps donné à l'avance, codifié, tout ce que je détestais ... Mon cerveau Part 2, mon autre hémisphère qui ne se satisfait de rien, qui se dégage et se libère toujours du chemin tracé, il trouve toujours un moyen par des sauts desaxés, de nouveaux accidents, pour de la poésie.
Alors, je répète, je répète, je répète, la perfection n'est approchable que par la répétition, je me répète, tout ce que je fuyais ..., avec une voix de fond qui me dit d'accepter enfin la valeur du travail dans l'art petit con d'idéaliste.
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De l'alphabet des émotions, j'ai appris quelques lettres, devenues depuis en peu de temps, des automatismes. J'utilise plus rarement des mots sans vraiment connaître leur définition exacte, par intuition et par contexte. En général, les choses se font de façon très fluide. Mon rêve c'est d'inventer.
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Aujourd'hui, j'en ai besoin parce qu'en public, devant toi, j'ai tellement peur, tellement peur, que ta seule présence m'innerve, me bloque, me coupe l'accès aux émotions, je ne ressens plus rien à l'intérieur, et je n'exprime plus rien à l'extérieur. Et qu'il ne se passe rien. Je redeviens ce vide. J'exagère. Ca dépend. Mais que ça m'arrive avec toi m'est devenu de plus en plus difficile à supporter. Alors j'y travaille.
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C'est un simulacre, un simulacre d'émotion, un simple simulacre, une hypocrisie parfois, mais le plus souvent un acte nécessaire, qui entraîne, t'entraîne comme une chaîne de vélo, et, finis par créer ce qu'il simule, te la transmets et la transmets aux autres, et tu la ressens, tu la ressens pour de vrai, et les autres la ressentent aussi, comme une chanson, un poème, une communion. Vos coeurs sur la même longueur d'onde, il y a communication. Grâce au simulacre.
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Tout le monde, tout le monde, tout le monde le fait. Ce tissage, cet apprentissage. Mimer des émotions pour les comprendre.
Tellement jeune le plus souvent que peut-être certains le nieront. Pourquoi ai-je alors refusé, si tôt dans ma cour d'école, comme si tout le monde était mon père? Pourquoi se vouloir orphelin d'émotion? N'avoir pas réclamé d'affection? Et si mon père m'avait voulu? Si ma mère ne l'avait pas su? Moi, je ne devrais pas m'en vouloir, mais voilà ma peine aujourd'hui.
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Je me sens comme un enfant.
Je me regarde, enfin. Je suis adulte.
Je peux m'aimer, et mieux que ça.
Et embrasser le Vrai Maintenant.
Il n'y a plus de répétition.
Entré par Bibasse, le Mardi 8 Janvier 2008, 02:42 dans la rubrique "Aura des paquerettes".
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Thème inspiré par Bryan Bell.
Thème inspiré par Bryan Bell.
Ces deux jours m'ont donné une toute autre perception du texte précédent. pour le meilleur. C'est chouette. vraiment chouette.
à chaque fois que j'ai slamé, il y avait une caméra. y a t'il un rapport, est-ce que j'ai trouvé un catalyseur? je le saurais dans quelque heures, servi sur un plateau, en direct. toute autre perception. Peut-être.