J'avance,
J'avance en fait,
J'avance vers la surface des choses
Sans cesse j'essaie de casser l'impossible.

Je voudrais être superficiel
Etre celui que l'on peut voir
Toucher,
Aimer concrètement.

Même épidermique,
Je me sens comme enseveli
Sous des décombres immatérielles,
Tellement loin de la Lumière.

Et quand je m'oublie je ne l'oublie pas
Jamais cela ne m'est arrivé
De sentir votre monde sensible
De me sentir en faire partie

Je voudrais tellement m'attacher,
Qu'en tirant vers vous, vous m'arrachiez
M'extirpant de mon corps tétû
Extorquant mon coeur
A ce cerveau ravisseur,
Projetant hors de mon
Laboratoire secret
Ou je ne sais plus quoi en faire
Ce bout de chair
Qui sait se battre
Encore

Un jour,

Demain,

Je le jeterai par la fenêtre
Avec honnêteté et fracas
Couvert de sels et de blessures
Couvert de verre et d'obscur

Je le jeterai par l'ouverture,
Pour qu'il découvre dehors,
Hérisson frissonnant l'air pur
Sur une autoroute du Nord

Je le jeterai de toutes mes forces
Pour qu'il sache ce qu'est le vent
Et même s'il retombe durement,
Un coeur, vous savez, c'est elastique,

Je le jeterai comme du plastique
Tout prêt à être recyclé
Dans le prochain cycle il aura qui sait?
Un rôle écologique à jouer

Je le jetterai comme un joyau
Trouvé par ceux ne cherchant pas
Qu'il ne revendront jamais et quand même
Qu'on dise qu'ils ont de la chance

Je le jeterai sans protection
Et je le saurai enfin nu
Dans l'Amour des enfants nés
Dans la douleur de l'Inconnu.