Bon, admettons que l'appétît vienne en mangeant. Alors, disons que je commence par te hûmer. Que je te lappe un petit peu. Que je te mordille un petit bout de chair entre ta nuque et ton épaule pour me faire une idée de ta consistance. Que je t'en croque. Que je te boive, d'abord par délicate osmose sur ta peau suitante, puis par gouttes entières à ton goulot. Que je te serre contre moi comme si je me servais de toi, toute à mes lèvres, toute à mes faims. A un moment, j'aurai, oui, perdu la décence dans l'ivresse de ton alcool de peau de pêche, et je me serai laissé aller, c'est sûr, à la césure des sens. Alors, je suppose que oui, nous aurions fini par faire l'amour, et nous aurions parfait finir l'amour.
Mais là, tu vois, ma tête contre ton ventre, mes boucles dans ton nombril, j'entends autre chose que ton érotisme criant ton "et moi?". C'est un de ces moments, c'est la toute première fois que çela m'arrive, un de ces moments qui nous semblent familiers dès la toute première fois que çela arrive, je ne sais pas ce que ça veut dire, mais un de ces moments, un de ces moments où je me mets à penser, penser est-il le mot juste, je ne sais pas, je sais simplement que, oui, c'est ça, je ne veux plus avoir les yeux plus gros que ton ventre, ton ventre de femme presque enceinte. Je ferme les yeux, et je ne pense à rien, je nous concentre, pour ne plus avoir mes yeux plus gros que ton ventre.