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\\ L'auberge humaine
Le sous-titre : Histoire de canapés
Tribune Libre Vendu

Un blog, c'est un endroit d'expression libre. C'est pour cela que, ponctuellement, je cède un bout d'espace à quelqu'un qui m'en a fait la demande. Aujourd'hui, Douce, un garçon qui nous a résumé un an de sa vie en heure et qui nous parle de son "expérience des rencontres".

J'ai rencontré Julie dans le bus qui allait de Chartres à Anvers. Après une discussion tout ce qu'il y a de plus autobus et qui dura près de deux cent six voitures oranges, j'envisageai à voix haute la possibilité de se revoir, puisqu'il semblait que pour quelques kilomètres encore nous allions dans la même direction. Elle plaça une barrière de signalisation; elle avait un petit ami qui s'appellait Michel. Décontenancé, j'improvisais que ce n'était pas grave et qu'on ne devrait jamais se sentir coupable dans ce cas. Je lui suggérais que l'un n'empêchait pas l'autre, et reportais que j'avais rencontré l'un de mes meilleurs amis après qu'il eut dragué ma mie du moment. Je lui avouais que je me sentais parfois un peu seul depuis que j'avais déménagé. Deux semaines plus tard, elle m'invita à l'anniversaire de Michel. J'y découvrais toute sa bande, qui m'apprécia dans son ensemble, sauf pour une personne qui devait considérer que j'avais un trop gros égo. Michel était musicien, il m'apprit à jouer Stairway To Heaven à l'envers à la guitare. Je sympathisais avec Julie et lui, on délirait bien. Je sympathisais encore plus avec Marion. Marion, un mois plus tard, je l'aidais à choisir son nouveau canapé. Nous avions énormément de culture commune, et nos points communs dessinaient des pointillés que nous avons alors comblés par la recherche respective des livres que nous avions aimés et que l'autre ne connaîtrait pas. Nous développâmes bientôt une intimité platonique, je lui confiais tout, mes aspirations, mes peurs, la taille de mon sexe, elle me confia ses rêves, son chat durant les vacances ainsi que la tessiture de sa voix. Un jour Marion décida de me présenter à une de ses amies qui, selon elle, avait tout pour que je sorte de ma réserve de célibataire. Cette fille devait même avoir un peu plus, à savoir un petit-ami, ce que Marion ignorait bien que ses fiches soient généralement à jour. Quant à moi, je l'appris à mes dépens. Enhardi par le feu vert indiqué par Marion, je m'étais allé à entreprendre la donzelle. S'ensuit un bref passage à l'hopital et la perte de nouvelles dents de sagesse. Au service clinique, je tombais amoureux de l'infirmière. Elle vouait une passion pour les fleurs posées sur ma table de chevet à peu près égale à celle que je développais pour ses cheveux quand ils se posaient sur ma poitrine. En sortant de l'hopital, j'entrai dans une floristeraie, lui achetai un bouquet tacheté et fis écrire une phrase de quatre mots. L'un des clients entendit cette phrase, et vint interrompre la transaction. Il était éditeur, avait trouvé ma phrase originale, et me proposait de travailler pour lui. Ma vie sociale entra alors dans sa sphère d'écrivains et d'admirateurs, qui m'apprécia dans son ensemble, sauf pour une personne qui devait considérer que j'avais un trop gros nez. On me fit découvrir Nieztche à l'envers, ainsi que des textes inconnus de Boris Vian et le nouvel espoir de la fiction scientifique qui devint bientôt ma bête noire tellement je trouvais qu'il écrivait mal. Je ne revis jamais l'infirmière. Au fil des soirées qui suivirent je me rendis compte que ce monde feutré était tout en façade, et que l'image que ces gens offraient ne correspondaient pas à leurs personnalités profondes, parfois beaucoup plus simples, parfois beaucoup plus complexes. Le plus rebelle d'entre eux, Jacques-Edouard, m'invita à s'enfuir au cours d'un de ces cocktaïls mondains. Chez lui, je rencontrais son voisin de palier, Ben, qui était éboueur philosophe, la plus belle âme que je ne connus jamais. Depuis que je le fréquente, il m'est arrivé de rêver à être une fille pour me jeter à corps perdu sur lui, il semblait qu'aucune de ses amies n'avaient remarqué qu'il était la meilleure histoire qu'elle pourraient jamais avoir. Chaque nuit, Ben et Jacques-Edouard organisaient des séances philo-pètard, à part moi ce n'était jamais les mêmes personnes qui s'y joignaient, et en dépit de leurs profils divers et variés je ne fus jamais assez à l'aise vis-à-vis des autres invités pour développer des affinités. On se regardait en chiens de faïence, on s'échangeait des lieux communs, tout était glacé et en retrait, sauf le pétard. Les garçons devaient considérer que j'avais un trop gros penis, les filles un trop petit, me suggéra Marion à ce sujet, la fois où elle me montra comment faire la vaisselle à l'envers. Un soir que je rentrai de l'anniversaire de Michel (comme le temps passe vite...), et que j'eu réconforté Marion, (elle venait de se faire plaquer de la moins élégante des manières par un certain Bibasse qui l'avait tchatché sur internet, d'ailleurs j'avais eu quelques discussions avec ce type, qui, bien que puant, ne m'en avait pas moins initié à l'asolipsisme, c'était assez étrange car je n'avais jamais pensé à cette façon de voir les choses, j'aimais énormément Marion, ça me fit de la peine de la voir dans cet état, je lui affirmais qu'il était temps de changer quelque chose dans sa vie, et lui promis de lui trouver un nouveau canapé), je fus abordé dans le bus par une inconnue. J'apprenais très vite son prénom, Claraelle. Nous vécûment trois mois et deux jours de passion absolument intenses. Elle me fit découvrir le tantrisme et les oeuvres de Mathias Malzieu, dont elle était secrètement amoureuse, et je lui fis découvrir un ensemble tout aussi discret de ce qu'il me restait avant de la connaître. Puis son père, qui m'avais pris sous son aile, m'embaucha dans sa boîte et j'eu une mission de six mois à l'étranger. A l'aéroport, Julie, Michel, Marion, Jacques-Edouard et Claraelle étaient présents, Ben travaillait à ce moment. J'étais content de les voir, et un peu coupable de les avoir négligés depuis que je sortais avec Clara. Puis trois semaines après, un sosie de Mathias Malzieu est entré dans la vie de Claraelle, écrasant mon coeur au passage.

Quand je repense à cette année, j'ai appris beaucoup. J'ai appris à ne pas discuter de la blancheur de mes dents avec un petit-ami jaloux. Il y a quelques jugements à l'emporte-pièces que j'ai mis de coté. J'ai appris que la taille du sexe, ce n'est pas toujours le plus important. Qu'un canapé ne dure jamais, et qu'à un moment vient toujours à changer là où l'on se sentait chez soi. Les rythmes des rencontres sont variables et dépendent fortement de la musique. Elles réservent de bonnes et de mauvaises surprises. Mais je ne devrais pas avoir peur des mauvaises, pas plus que je ne devrais fuir vers l'avant. C'est cette année que j'ai commencé à m'ouvrir à la véritable valeur des rencontres.
Entré par Bibasse, le Vendredi 21 Octobre 2005, 01:43 dans la rubrique "Coups de schiseaux".

Entrées :

ryne, dans le même fétu de temps, a écrit :

Serias-tu en train de sous-entendre que les femmes aurais les yeux plus gros que les hommes?


 
Bibasse, dans le même fétu de temps, a écrit :

Re:

Lol! Ca expliquerait bien des choses.

 
ryne, dans le même fétu de temps, a écrit :

Re: Re:

Mon problème c'est que je suis d'accord.

J'ai perdu ma solidarité féminine quelque part...


 
Bibasse, dans le même fétu de temps, a écrit :

Re: Re: Re:

Avec de grand yeux, on retrouve plus facilement.

 
eponge, dans le même fétu de temps, a écrit :

Lioubov , russie ex-soviétique

[On ne meurt pas cocon.]

Quand on gueule avec Mathias Malzieu y a un truc qui se déchire forcément quelque part, dans l'épiderme, des tissus de rideau vocal, des fleurs ou des expéditions. 

Trente-trois devant le rendez-vous.


 
Bibasse, dans le même fétu de temps, a écrit :

Mise en éponge

:-)

Ca c'est de l'hexactinellide!

Tu comprendras pourquoi les garçons se méfient de lui, maintenant.

 


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Thème inspiré par Bryan Bell.