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\\ Fiction ligne par ligne (10e jour)
Le sous-titre : Cadavre exquis
Ce soir, son ange gardien avait trop bu.
"Je voulais goûter à l'absinthe et je n'"- Ta gueule. Tu n'as aucune excuse.
Il avait la vie devant lui. Condensée dans une petite familiale tracée en break.
Elle n'a pas ralenti. Elle lui a coupé la voie.
Son corps s'est mis à faire de l'art déplacé comme une gorgée de peinture crachée sur une toile, avec le bruit de quelque chose de grave.
On n'imagine pas la quantité de substance que peut contenir la tête d'un humain. D'ailleurs, on n'imagine pas.
Pour l'heure, il fait des ricochets sur la chaussée. Lui, il a perdu conscience depuis le second. Mais le passant le voit tendre le fil du temps.
Top. Top. Au quatrième top, il est 21h47. Ce n'est pas un drame, nous avons tout notre temps.
C'est le début de son histoire.
Ajouté le 4 octobre 2005.
Treize est un nombre qui porte bonheur. Aux chats noirs. Treize, c'est le nombre de ricochets qu'il a fait avant de s'immobiliser. Mais c'est aussi le nombre de secondes qui ont séparé la trajectoire du camion qui venait en sens inverse de la sienne. C'est le nombre de centimètres entre son point de chute et la position du chat. Le nombre des centimètres qui manquaient aux poutres metalliques pour arracher un souvenir de son passage. C'est son âge. Treize, c'est bien assez grand.
Ajouté le 5 octobre 2005.
Franchement, on s'en fout de son nom. Les héros ont toujours des noms de héros. Pas Lui. Lui, il s'en foutrait jusqu'à l'aorte que vous sachiez son nom. Surtout s'il en avait conscience. Pour l'instant, c'est Lui. Ca aurait pu être Elle. Mais c'est une autre histoire.
Ajouté le 6 octobre 2005.
-"Chut, il dort.
- Il va s'en sortir, docteur?
- Tu es dans l'erreur, il est dans le coma.
- Nous ne pouvons en être certains, mais...
- Il est tellement beau quand il dort.
- ... il se pourrait que ...
- Mais non, il ne dort pas. Il est juste dans le coma.
- ... si seulement si ...
- Laissez-moi seule un moment avec lui.
- C'est moche, mais c'est comme ça.
- Je ne l'ai pas fait exprès.
- . . .
- . . .
- . . .
- Je vous jure que je ne l'ai pas fait exprès."
Ajouté le 7 octobre 2005.
Avant de commencer toute histoire, il faut un minimum de préliminaires. C'est ce que pensa son père, avant de le devenir (il venait alors pour la deuxième fois). Pour cela il avait abandonné son corps à la science : la demoiselle était experte en Kamâ-Sutrâ. Ses parents le conçurent sur un mode tantrique. Il ne s'agit pas de donner leurs numéros de sécurité sociale. Pour bien comprendre notre personnage, il faut vous parler de ses parents. C'était un enfant désiré. Cette année là, il y avait eu des promotions folles sur les petits pots pour nourrissons. Il fallait très vite faire un bébé. Son père avait des taches de rousseur d'une gêne excessive. Ses cheveux flottaient exactement quatre secondes et quarante-deux centièmes après la retombée du vent. Ses chemises ne tenaient pas l'alcool. Sa mère fut une mère absolument formidable. Enceinte déjà, sa vascularisation frôlait la perfection. Ses apports protéidiques étaient en tout point exemplaires. Sa maîtrise de la respiration peri-natale était admirée dans tout le cours d'accouchement. J'écris "avait", "fus", "était", mais peut-être certains d'entre vous croiront que ces personnes ne sont plus. Pas du tout. Encore que. Mais elles ne sont plus ni père, ni mère dans le présent de notre héros. Dans cette dimension, il n'y a plus rien qui soit rattaché à quelque chose.
Ajouté le 8 octobre 2005.
Ce qu'il y a de chouette à écrire au boulot (car au moment même où vous me lisez, j'y suis), c'est que lorsque celui-ci est pénible, répétitif, pénible, répétitif, pénible, répétitif, et bien, on tient. On a un secret merveilleux. On a une pensée dont la simple présence rend heureux. On laisse son imagination utiliser de vagues taches comme un trampoline. On joue. On devient comédien de sa propre vie. Pénible, répétitif, pénible, répétitif... c'est quoi le texte, déjà?
Parfois, au cours de mes évasions, il m'arrive de penser à Lui. Lui n'a probablement pas de secret. Peut-être même pas de rêve. Pas d'idée. Pas de conscience. Pas de couleurs. Pas de bruits de pas de mouvements. Pas de haut, donc pas de soleil, pas de bas, donc pas de jupes sous lesquelles prendre l'ombre. Pas de gauche pour tomber, pas de droite pour danser. Pas de sens, quoi.
Ajouté le 18 octobre 2005.
Ca s'est passé tellement vite.
Ajouté le 19 octobre 2005.
- "Et pour les fleurs?
- Comment ça, pour les fleurs?
- Tu crois que Joseph pourra s'en occuper?
- Je n'y avais pas réfléchi, à vrai dire.
- Tu te souviens de la gerbe qu'il avait préparé pour Marie?
- Elle était magnifique.
- Tu crois que Gabriel rentrera?
- Je suis sûre qu'il posera un congé pour l'enterrement.
- Je vais l'appeller pour en discuter avec lui.
- Oui, il faut qu'on se concerte.
- Leur fardeau est tellement lourd, si on pouvait faire du mieux pour les delester.
- Et veiller à ce que son frère ne sombre pas.
- On se serrera les coudes.
- Comme une vraie famille.
- Mon dieu, si jamais ça arrivait...
- Je n'arrive pas à croire qu'on en parle comme si ça devait arriver.
- Je parle, je parle, mais je n'arrive même pas à imaginer que ça pourrait arriver."
Ajouté le 20 octobre 2005.
Hier soir, à l'intersection des champs-élysés, un enfant d'environ 22 heures
a été renversé à 13 ans et 2 mois par un camion alors
qu'il traversait hors des passages cloutés.
L'enfant semblait au moment des faits sautiller entre les lignes blanches du passage piéton,
comme pour éviter d'en toucher une.
Le camion s'est ensuite enfui dans les embouteillages.
Le véhicule n'a pu être identifié par les services de police, bien
qu'un passant eut retenu sa plaque d'immatriculation.
Toutefois les recherches durent être abandonnées
car le badaud avait un accent qui perturbait la compréhension
des numéros et de plus, il avait une écriture de cochon.
Plus tard dans la soirée, le chauffard s'est présenté de lui-même au commissariat des Nains-Louches,
ce qui tombait bien car l'officier de garde s'ennuyait.
Les propos qu'on lui rapporta furent : "Je ne l'ai pas fait exprès. Je vous jure que je ne l'ai pas fait exprès."
L'enfant a quant à lui été conduit dans l'embouteillage le plus proche.
Contacté par notre équipe, la municipalité a assuré
qu'elle prendrait des dispositions pour éviter qu'une telle
contrariété se reproduise toute seule.
Dès ce matin ses services enverront un bleu pour peindre en blanc
l'espace entre les lignes du passage piéton,
afin d'éviter que d'autres vies puissent sauter
et de faire disparaître le rouge.
(Dépêche spéciale du mercredi 5 octobre 2005)
Ajouté le 21 octobre 2005.
- "Salut!"
Il lui jeta un regard en biseau, tout en continuant à tirer sur sa cigarette.
- "Alors, comment vas-tu?
- Oh, toujours la même merde, tu sais. Je crois pas que ça puisse s'arranger.
- Toujours à te prendre la tête parce que ton public ne comprend pas ton art?
- Ils sont vraiment trop bêtes. Je ne vois pas pourquoi je me casserai le cul.
- Tu me saoûles, je te l'ai déjà dit, non?
- Tu me le répète à chaque fois.
- Quand arriveras tu à comprendre qu'il faut que tu dépasses ton point de vue? Vous avez besoin de vous considérez mutuellement d'une autre façon."
Il grommela.
- "Ils pourraient faire un peu d'effort, vu l'intérêt de mon travail.
- Tu te souviens de ta réaction la dernière fois que l'un d'entre eux a compris? Tu l'as tué."
Il tira sur sa clope. Il s'en souvenait.
- "Et pour le gamin?
- Lequel?
- Celui qui s'est fait renversé à 21h46.
- Ca ne fait pas partie de mes attributions.
- Egoïste. Tu crois que tu es le seul à devoir faire façe à tes problèmes? Tu crois que tu n'as aucune responsabilité? On est tous à la même enseigne ici, je te le rappelle. Et on a eu tous eux les mêmes chances au départ. Alors si ça se passe mal dans ta création, tu ne peux pas entièrement leur rejeter la responsabilité. Remets toi un peu en question, au lieu de trainer comme une larve et de nous foutre la honte. Nous sommes des Dieux, tu es un Dieu, tu es leur Dieu, bordel de merde!"
Ajouté le 9 novembre 2005.
Entré par Bibasse, le Lundi 3 Octobre 2005, 21:15 dans la rubrique "Frayeurs".
Entrées :
KetzalKoatl,
dans le même fétu de temps, a écrit :
Re:
j'ai lu le texte avant de connaître son titre
je comprend que ça m'a permi d'accéder à une des histoires qu'il contient avec moi
ok je ne tari plus d'éloge à ton égard depuis un temps mais c'est sincère et je n'ai rien à y gagner
tu viens de me faire comprendre un des intérêts de ce procédé d'écriture qui jusqu'ici ne m'évoquait qu'un genre artistique
génial
je comprend que ça m'a permi d'accéder à une des histoires qu'il contient avec moi
ok je ne tari plus d'éloge à ton égard depuis un temps mais c'est sincère et je n'ai rien à y gagner
tu viens de me faire comprendre un des intérêts de ce procédé d'écriture qui jusqu'ici ne m'évoquait qu'un genre artistique
génial
Bibasse,
dans le même fétu de temps, a écrit :
Re: Re:
Ce n'est pas vraiment un cadavre exquis, juste un texte construit par une personne à hauteur de ligne, sans penser à la suivante. Mais "cadavre exquis" collait au thème, encore que pour moi, le héro n'est pas mort. Oui, je sais, je suis compliqué : en plus je déteste les cadavres exquis!
gobbolino,
dans le même fétu de temps, a écrit :
Gobbolino,
dans le même fétu de temps, a écrit :
Re:
t'es passé où maître Jedï ? tu n'écris pas ailleurs sans me l'avoir dit j'espère ?
là je t'en voudrais
Bibasse,
dans le même fétu de temps, a écrit :
Dis, l'est temps, te souviens-tu?
Je suis en plein Big Crunch. J'essaie de maîtriser la Force du Silence.
Je m'en voudrais que tu m'en veuilles. On s'en veux déjà. C'est chouette de se sentir voulu!
Je m'en voudrais que tu m'en veuilles. On s'en veux déjà. C'est chouette de se sentir voulu!
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Thème inspiré par Bryan Bell.
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